Yves Pagès – Les carabiniers, c’est une histoire à plusieurs mains. Au départ, en 1953, il y a la pièce de l’écrivain sicilien Benjamino Joppolo, Ultima Stazione ai Carabinieri. L’année suivante, Jacques Audiberti entame sa traduction (jamais publiée, dommage), montée à la fin des années 50 par Michel de Ré (cf Avant-scène, juillet 1958). Ensuite, Roberto Rossellini et Jean Gruault en tirent un scénario que J.-L. Godard va encore couper, dialoguer et tourner en trois semaines dès 1962, sans obtenir le succès espéré (cf Avant-scène, mars 1965). Trente ans plus tard, le jeune metteur en scène François Wastiaux me propose de rouvrir le chantier en adaptant conjointement le film et la pièce originale. Il n’en restera que l’ossature dramaturgique, sur laquelle j’ai brodé très librement, tout en restituant les dialogues godardiens quand les situations convergeaient entre théâtre et cinéma. Un patchwork absolu donc. Les répétitions de la pièce ont lieu l’hiver 1991 avec les comédien(ne)s Christophe Pourcines, Valéry Wolf, Stéphanie Constantin, Valère Habermann, François Wastiaux et… moi-même (dans le rôle du deuxième carabinier). Ça se rôde le 19-21 mars 1992 dans une salle de l’Université Paris-8, puis du 31 mars au 3 mai au Théâtre Espace-Acteur (Paris XVIIIe), avant d’être distingué au Festival Turbulences de Strasbourg (Théâtre du Maillon; Prix du public & Prix des critiques, 1992). Dans la foulée, une tournée s’organise de Rouen à Alès, en repassant par Paris au Théâtre de la Cité Internationale, et Blois, Tours, Maubeuge, Lausanne, etc. [Suite sur le pdf]