Yves Pagès – Parmi les documents collectés par ma mère à partir du printemps 68, j’ai entrepris d’en exhumer certains, ceux qui, à la croisée des influences marxiennes, reichiennes, situs et libertaires, rendent encore l’écho d’un débat vivant, utopique et concret, sur les rapports du politique et de la vie quotidienne : d’abord, la cinquantaine de pages de Censier en marche, rédigé à chaud par le Comité d’Action Travailleurs-Étudiants du dernier bastion parisien des grèves universitaires –manifeste qui est peut-être la production collective la plus dense de l’époque, hors chapelle ou courant identifiés ; puis une curieuse retranscription d’une journée entière de palabre à l’Odéon occupée, le 7 juin 68 ; puis, publiée l’année suivante, De la misère en milieu lycéen, issu de la « tendance révolutionnaire » des Comités d’Action Lycéen qui, malgré les apparences, n’est en rien le pâle décalque de la fameuse brochure situationniste, mais une défense passionnante de l’autonomie du soulèvement de le jeunesse contre « l’aliénation » des récupérateurs et démobilisateurs de toutes obédiences. Autres pistes textuelles ou visuelles, je propose ici même une première compilation de tracts couvrant mai 68 et ses suites ainsi qu’un diaporama sur l’affichisme sauvage au Quartier Latin, bientôt suivi d’un autre concernant les sérigraphies des Comités d’Action parisiens, moins fameuses, mais dont l’esprit iconoclaste à continué d’essaimer au début des années 70.